Introduction
Je ne sais pas pour vous, mais en observant les nombres premiers, j'éprouve le sentiment d'être en présence d'un des plus inexplicables secrets de la création.
Les nombres premiers, ces nombres sans autres facteurs qu'un et eux-mêmes, fascinent : 2, 3, 5, 7, 11, 13...
Alors que leur définition semble ne receler aucun mystère, on échoue à trouver une régularité quelconque dans leur succession. Connus dès les débuts de l'arithmétique, les nombres premiers ont excité la curiosité de milliers de mathématiciens. Ils sont au cœur de la science des nombres, car tout entier se décompose de façon unique en un produit de facteurs premiers. Ils sont aussi à l'origine de certains des problèmes les plus difficiles des mathématiques et ont acquis, avec les progrès de la cryptographie, une importance économique considérable.
Convention utilisée sur cette page pour l'écriture des exposants dans les nombres :
Afin que le texte de cette page soit compatible avec le plus grand nombre de navigateurs possible, je n'est pas utilisé le style "exposant" pour l'écriture des nombres, mais j'ai utilisé l'opérateur ^ pour symboliser la fonction puissance. Exemples :
10^2 signifie 10 puissance 2, soit 100
10^6 représente un million (et non 10 millions !)
2^87 654 signifie "2 élevé à la puissance 87 654" (et non 2 fois 10 puissance 87 654 !!!)
Un dernier exemple :
7^2 = 7 puissance 2 = 7 exposant 2 = 7 au carré = 7 fois 7 = 49
Donc rappelez vous : le ^ représente l'opérateur puissance, et non "10 exposant" comme c'est le cas sur certaines calculatrices. Le symbole ^ remplace simplement l'écriture en exposant.
Rappel au sujet de la priorité des opérateurs mathématiques, afin de chasser toute ambiguïté à la lecture des expressions complexes formulées sur cette page : l'opérateur puissance est prioritaire devant la multiplication, ce qui signifie que A^BC = A^B.C = (A^B).C et que A^BC est différent de A^(BC), avec A^(BC) = (A^B)^C = (A^C)^B
Il existe une infinité de nombres premiers, démonstration :
Démonstration claire et détaillée :
Supposons que p est un nombre premier, avec p>5, et formons le produit 2x3x5x......xp de TOUS les nombres premiers compris entre 2 et p, puis posons n=(2x3x5x......xp)+1
n étant supérieur à 2, n admet un diviseur premier. Notons-le q. Or, aucun des nombres de la liste 2, 3, 5, ...... p, n'est un diviseur de n car le reste de la division de n par l'un quelconque des nombres premiers de cette liste est toujours 1. Donc q est strictement supérieur à p.
On en déduit que quelque soit le nombre premier p, il existera toujours un autre nombre premier q supérieur à p, ce qui prouve que la liste des nombres premiers est infinie.
Remarque : le produit 2x3x5x......xp de tous les nombres premiers inférieur ou égaux au nombre premier p est appelé la primorielle de P, et est noté P#.
Et voici maintenant la même démonstration, mais que j'ai condensée au maximum, et tournée en une démonstation par l'absurde en une seule phrase :
S'il y avait un nombre fini de nombres premiers, alors le plus grand d'entre eux, p, serait tel que p# + 1 serait divisible par un nombre premier qui, divisant p#, devrait aussi diviser 1, ce qui est absurde.
On en déduit que l'ensemble des nombres premiers ne peut pas être fini, c'est à dire qu'il existe obligatoirement une infinité de nombre premiers.
Test élémentaire de primalité :
Un test de primalité permet de savoir si un nombre entier est un nombre premier ou pas. Il existe différentes méthodes pour tester la primalité d'un entier naturel. Un des algorithmes possibles est le suivant. Il permet de savoir rapidement si un nombre entier p, impair et supérieur à 2, est un nombre premier ou pas :
A=3
Début
si A>=sqrt(p)+1 alors p est premier
si p est un multiple de A alors p n'est pas premier
A=A+2
Retourner au début
Explications et mise en pratique de cet algorithme :
La variable A est initialisée à 3, puis elle est incrémentée de 2 à chaque passage dans la boucle. Cette variable A va donc "balayer" tous les nombres impairs en partant de 3. Si le nombre p que l'on teste est à un moment multiple de A, alors p n'est pas premier et on sort du programme. Si en revanche, la variable A atteind une valeur supérieure à la racine carrée de p, plus 1, alors p est un nombre premier et on sort du programme.
Programmation de ce test de primalité :
Dans les lignes ci-dessus, la fonction sqrt représente la fonction racine carrée, et peut être calculée de différentes manières selon les fonctions mathématiques dont on dispose :
racine carrée de p = sqrt(p) = p puissance 0,5 = exponentielle(ln(p)/2) = etc ...
Le second test, "p est un multiple de A", peut être traduit de différentes manières, toutes équivalentes :
p est un multiple de A <=> A est un diviseur de p <=> p modulo A = 0 <=> la partie décimal du nombre p/A est nulle <=> p/A est égal à sa partie entière <=> etc ...
Ces multiples possibilités permettent de programmer facilement ce test élémentaire de primalité dans tous les langages de programmation existants, aussi bien sur un ordinateur (en C, en Java, en Pascal, en Perl, etc.) que sur une calculatrice (Casio, TI, HP, etc.). Si vous réalisez vous-même votre programme de test de primalité en utilisant l'algorithme ci-dessus, n'oubliez pas que p doit être un nombre impair supérieur à 2 : il faut donc traiter à part les cas particuliers des nombres pairs, du nombre 1, et du nombre 2, avant de lancer la boucle de test :
si p est pair alors p n'est pas premier
si p=1 alors p n'est pas premier
si p=2 alors p est premier
Rappel : 1 n'est pas premier, et 2 est le seul nombre premier pair
Remarquez que le test "p est pair" peut se traduire "p est un multiple de 2", qui, comme on l'a vu, peut se programmer de différentes manières en fonction des différentes fonctions mathématiques disponibles dans le langage utilisé.
Programmation du test de primalité en Java :
Voici par exemple une applet Java que j'ai réalisée en utilisant l'algorithme de primalité décrit ci-dessus. Pour savoir si un nombre entier (à 7 chiffres maximum) est premier, entrez le nombre sur la ligne de saisie puis appuyez sur le bouton "Tester le nombre" :
Pour télécharcher le code source en Java de cette applet, cliquez ici.
Programmation du test de primalité en JavaScript :
Et voici par exemple un programme en JavaSript permettant de tester la primalité d'un nombre entier naturel p :
<SCRIPT LANGUAGE="JavaScript">
///////////////////////////////////////////////////////////////////////
// Script réalisé par Jean-Christophe MICHEL
// Juillet 2012
// www.gecif.net
///////////////////////////////////////////////////////////////////////
function VerifForm()
{
formulaire = document.forms[0];
p = formulaire.nombre.value;
a = 3;
sortir=0;
var exp=new RegExp("^[0-9]*$","g"); // teste si p ne contient que des chiffres (élimine les lettres, la virgule, le signe -, etc.)
if ( !exp.test(p) )
{
document.getElementById('targetDiv').innerHTML ="Entrez un nombre entier strictement positif";
sortir=1;
}
else
if (p<1)
{ // cas où p=0
document.getElementById('targetDiv').innerHTML ="Entrez un nombre entier strictement positif";
sortir=1;
}
else
if (p==2) { // cas où p=2
document.getElementById('targetDiv').innerHTML =p + " est un nombre premier"; sortir=1;
}
else
if (p==1)
{ // cas où p=1
document.getElementById('targetDiv').innerHTML =p + " n'est pas un nombre premier";
sortir=1;
}
else
if (p % 2==0)
{ // cas où p est pair
document.getElementById('targetDiv').innerHTML =p + " n'est pas un nombre premier";
sortir=1;
}
while (sortir==0)
{
if (a>=(Math.sqrt(p)+1))
{
document.getElementById('targetDiv').innerHTML =p + " est un nombre premier";
sortir=1;
}
else
if (p % a==0)
{
document.getElementById('targetDiv').innerHTML =p + " n'est pas un nombre premier";
sortir=1;
}
a=a+2;
}
}
</SCRIPT>
Cliquez ici pour tester ce programme dans une nouvelle page.
Les 999 premiers nombres premiers :
Ce tableau, de 10 colonnes et 100 lignes, contient les 999 premiers nombres premiers. A titre d'information, la somme de ces 999 nombres est 3 678 910 (remarquez la suite de nombres 6 7 8 9 10 dans cette somme) :
2
|
3
|
5
|
7
|
11
|
13
|
17
|
19
|
23
|
29
|
|
31
|
37
|
41
|
43
|
47
|
53
|
59
|
61
|
67
|
71
|
|
73
|
79
|
83
|
89
|
97
|
101
|
103
|
107
|
109
|
113
|
|
127
|
131
|
137
|
139
|
149
|
151
|
157
|
163
|
167
|
173
|
|
179
|
181
|
191
|
193
|
197
|
199
|
211
|
223
|
227
|
229
|
|
233
|
239
|
241
|
251
|
257
|
263
|
269
|
271
|
277
|
281
|
|
283
|
293
|
307
|
311
|
313
|
317
|
331
|
337
|
347
|
349
|
|
353
|
359
|
367
|
373
|
379
|
383
|
389
|
397
|
401
|
409
|
|
419
|
421
|
431
|
433
|
439
|
443
|
449
|
457
|
461
|
463
|
|
467
|
479
|
487
|
491
|
499
|
503
|
509
|
521
|
523
|
541
|
|
547
|
557
|
563
|
569
|
571
|
577
|
587
|
593
|
599
|
601
|
|
607
|
613
|
617
|
619
|
631
|
641
|
643
|
647
|
653
|
659
|
|
661
|
673
|
677
|
683
|
691
|
701
|
709
|
719
|
727
|
733
|
|
739
|
743
|
751
|
757
|
761
|
769
|
773
|
787
|
797
|
809
|
|
811
|
821
|
823
|
827
|
829
|
839
|
853
|
857
|
859
|
863
|
|
877
|
881
|
883
|
887
|
907
|
911
|
919
|
929
|
937
|
941
|
|
947
|
953
|
967
|
971
|
977
|
983
|
991
|
997
|
1009
|
1013
|
|
1019
|
1021
|
1031
|
1033
|
1039
|
1049
|
1051
|
1061
|
1063
|
1069
|
|
1087
|
1091
|
1093
|
1097
|
1103
|
1109
|
1117
|
1123
|
1129
|
1151
|
|
1153
|
1163
|
1171
|
1181
|
1187
|
1193
|
1201
|
1213
|
1217
|
1223
|
|
1229
|
1231
|
1237
|
1249
|
1259
|
1277
|
1279
|
1283
|
1289
|
1291
|
|
1301
|
1303
|
1307
|
1319
|
1321
|
1327
|
1361
|
1367
|
1373
|
1381
|
|
1399
|
1409
|
1423
|
1427
|
1429
|
1433
|
1439
|
1447
|
1451
|
1453
|
|
1459
|
1471
|
1481
|
1483
|
1487
|
1489
|
1493
|
1499
|
1511
|
1523
|
|
1531
|
1543
|
1549
|
1553
|
1559
|
1567
|
1571
|
1579
|
1583
|
1597
|
|
1601
|
1607
|
1609
|
1613
|
1619
|
1621
|
1627
|
1637
|
1657
|
1663
|
|
1667
|
1669
|
1693
|
1697
|
1699
|
1709
|
1721
|
1723
|
1733
|
1741
|
|
1747
|
1753
|
1759
|
1777
|
1783
|
1787
|
1789
|
1801
|
1811
|
1823
|
|
1831
|
1847
|
1861
|
1867
|
1871
|
1873
|
1877
|
1879
|
1889
|
1901
|
|
1907
|
1913
|
1931
|
1933
|
1949
|
1951
|
1973
|
1979
|
1987
|
1993
|
|
1997
|
1999
|
2003
|
2011
|
2017
|
2027
|
2029
|
2039
|
2053
|
2063
|
|
2069
|
2081
|
2083
|
2087
|
2089
|
2099
|
2111
|
2113
|
2129
|
2131
|
|
2137
|
2141
|
2143
|
2153
|
2161
|
2179
|
2203
|
2207
|
2213
|
2221
|
|
2237
|
2239
|
2243
|
2251
|
2267
|
2269
|
2273
|
2281
|
2287
|
2293
|
|
2297
|
2309
|
2311
|
2333
|
2339
|
2341
|
2347
|
2351
|
2357
|
2371
|
|
2377
|
2381
|
2383
|
2389
|
2393
|
2399
|
2411
|
2417
|
2423
|
2437
|
|
2441
|
2447
|
2459
|
2467
|
2473
|
2477
|
2503
|
2521
|
2531
|
2539
|
|
2543
|
2549
|
2551
|
2557
|
2579
|
2591
|
2593
|
2609
|
2617
|
2621
|
|
2633
|
2647
|
2657
|
2659
|
2663
|
2671
|
2677
|
2683
|
2687
|
2689
|
|
2693
|
2699
|
2707
|
2711
|
2713
|
2719
|
2729
|
2731
|
2741
|
2749
|
|
2753
|
2767
|
2777
|
2789
|
2791
|
2797
|
2801
|
2803
|
2819
|
2833
|
|
2837
|
2843
|
2851
|
2857
|
2861
|
2879
|
2887
|
2897
|
2903
|
2909
|
|
2917
|
2927
|
2939
|
2953
|
2957
|
2963
|
2969
|
2971
|
2999
|
3001
|
|
3011
|
3019
|
3023
|
3037
|
3041
|
3049
|
3061
|
3067
|
3079
|
3083
|
|
3089
|
3109
|
3119
|
3121
|
3137
|
3163
|
3167
|
3169
|
3181
|
3187
|
|
3191
|
3203
|
3209
|
3217
|
3221
|
3229
|
3251
|
3253
|
3257
|
3259
|
|
3271
|
3299
|
3301
|
3307
|
3313
|
3319
|
3323
|
3329
|
3331
|
3343
|
|
3347
|
3359
|
3361
|
3371
|
3373
|
3389
|
3391
|
3407
|
3413
|
3433
|
|
3449
|
3457
|
3461
|
3463
|
3467
|
3469
|
3491
|
3499
|
3511
|
3517
|
|
3527
|
3529
|
3533
|
3539
|
3541
|
3547
|
3557
|
3559
|
3571
|
3581
|
|
3583
|
3593
|
3607
|
3613
|
3617
|
3623
|
3631
|
3637
|
3643
|
3659
|
|
3671
|
3673
|
3677
|
3691
|
3697
|
3701
|
3709
|
3719
|
3727
|
3733
|
|
3739
|
3761
|
3767
|
3769
|
3779
|
3793
|
3797
|
3803
|
3821
|
3823
|
|
3833
|
3847
|
3851
|
3853
|
3863
|
3877
|
3881
|
3889
|
3907
|
3911
|
|
3917
|
3919
|
3923
|
3929
|
3931
|
3943
|
3947
|
3967
|
3989
|
4001
|
|
4003
|
4007
|
4013
|
4019
|
4021
|
4027
|
4049
|
4051
|
4057
|
4073
|
|
4079
|
4091
|
4093
|
4099
|
4111
|
4127
|
4129
|
4133
|
4139
|
4153
|
|
4157
|
4159
|
4177
|
4201
|
4211
|
4217
|
4219
|
4229
|
4231
|
4241
|
|
4243
|
4253
|
4259
|
4261
|
4271
|
4273
|
4283
|
4289
|
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Applet Java pour la recherche des nombres premiers
L'applet Java suivante vous permet de rechercher des nombres premiers. Il vous suffit d'entrer un nombre entier à 7 chiffres maximum, et en appuyant sur le bouton "Rechercher suivant", le premier nombre premier trouvé après le nombre que vous avez entré sera affiché :
Les fonctions utilisées en arithmétique pour l'études des nombres premiers :
La fonction d(n) :
Définition d'un diviseur :
Pour qu'un entier k soit un diviseur de n, il faut et il suffit que le reste de la division de n par k soit nul. Comme un nombre n sera toujours divisible par 1 et par n lui-même, 1 et n sont toujours des diviseurs de n. On peut donc déjà remarquer que tout entier n>1 possède au moins deux diviseurs : 1 et n lui-même.
La fonction d(n) est égale au nombre de diviseurs de n (y compris 1 et n lui-même d'après la définition d'un diviseur).
Exemples :
d(18) = 6 car 18 a 6 diviseurs, qui sont 1, 2, 3, 6, 9 et 18
d(32) = 6 car 32 a 6 diviseurs, qui sont 1, 2, 4, 8, 16 et 32
d(25) = 3 car 25 a 3 diviseurs, qui sont 1, 5 et 25
d(17) = 2 car 17 a seulement 2 diviseurs, qui sont 1+17 = 18
Un nombre n est premier s'il ne possède comme diviseurs que 1 et n lui-même, donc n est un nombre premier si et seulement si d(n)=2.
Remarque : le seul diviseur de 1 est 1 lui-même. Donc le nombre 1 ne possède qu'un seul diviseur, ce qui s'écrit d(1)=1. Comme d(1) est différent de 2, on en déduit que 1 n'est pas un nombre premier.
La fonction indicatrice d'Euler (Phi de n) :
La fonction indicatrice d'Euler, notée, est égale au nombre d'entiers inférieurs à n et n'ayant aucun diviseur commun avec n.
Exemple : (6) = 2 car les seuls nombres inférieurs à 6 et premiers avec lui sont 1 et 5.
Remarque : n - (n) ne pourra jamais être égal à 10.
La fonction Sigma de n :
est la somme de tous les diviseurs de n, y compris 1 et n lui-même.
Exemples :
(18) = 1+2+3+6+9+18 = 39
(32) = 1+2+4+8+16+32 = 63
(25) = 1+5+25 = 36
(17) = 1+17 = 18
Si (n) = 1+n, cela signifie que n n'a que 2 diviseurs : 1 et n. Dans ce cas, n est un nombre premier.
Exemple : (13) = 1+13 = 14 donc 13 est un nombre premier.
On appelle "nombre parfait" un entier dont la somme de ses diviseurs est égale au double du nombre, ce qui s'écrit :
Si (n) = 2.n alors n est un nombre parfait.
Exemple : (6) = 1+2+3+6 = 12 = 2x6, donc 6 est un nombre parfait.
Les six premiers nombres parfaits sont :
Jusqu'à présent, aucun nombre parfait impair n'a été découvert. Mais cela ne veut pas dire qu'un nombre parfait est forcément pair. Alors cherchez bien, et si vous trouvez un nombre parfait impair, faites-moi signe :-))
La fonction Pi de x :
La fonction , définie pour tout nombre réel x > 0, correspond au nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à x.
Exemples :
(6) = 3 car il existe 3 nombres premiers inférieurs ou égaux à 6 : 2, 3, et 5
(11) = 5 car il existe 5 nombres premiers inférieurs ou égaux à 11 : 2, 3, 5, 7, et 11
(21.13) = 8 car il existe 8 nombres premiers inférieurs ou égaux à 21.13 : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17 et 19
(1) = 0 car il n'existe aucun nombre premier inférieur ou égal à 1 (1 n'étant pas un nombre premier)
(2) = 1 car il n'existe qu'un seul nombre premier inférieur ou égal à 2 : c'est 2 lui-même
Le tableau ci-dessus donnant les 999 premiers nombres premiers permet d'obtenir facilement la valeur de la fonction (x). Par exemple, combien vaut (100) ? Grâce au tableau, on s'aperçoit qu'il existe 25 nombres premiers inférieurs ou égaux à 100 (il y a 10 nombres par ligne dans le tableau). On en déduit donc que (100) = 25
Remarque : bien que cette fonction Pi de x soit représentée par la même lettre grecque que le nombre Pi de valeur 3.141592..., la fonction (x) n'a aucun rapport avec le nombre réel de valeur 3.141592... Ce n'est qu'un hasard dans l'attribution des noms, qui fait que ces deux éléments mathématiques sont représentés par la même lettre. Cette remarque est d'autant plus importante lorsqu'on utilise des formules (et il y en a) qui font intervenir à la fois la fonction (x) et le nombre réel .
La fonction Primorielle :
La fonction primorielle de p, notée p#, n'est définie que si p est un nombre premier.
p# désigne alors le produit de tous les nombres premiers inférieurs ou égaux à p.
Exemple :
5# = 2x3x5 = 30
11# = 2x3x5x7x11 = 2 310
17# = 2x3x5x7x11x13x17 = 510 510
23# = 2x3x5x7x11x13x17x19x23 = 223 092 870
2# = 2
6# n'existe pas car 6 n'est pas un nombre premier.
Le premier nombre premier étant 2, le produit p# commencera toujours par 2. On en déduit que p# sera toujours pair, quelque soit le nombre premier p.
Utilisation de la fonction primorielle :
Quelle est le plus petit entier ayant 3 diviseurs premiers distincts ? La réponse est primorielle de 5 (notée 5#) :
5#=2x3x5=30 donc 30 est le plus petit entier ayant trois diviseurs premiers distincts : 2, 3 et 5.
Le plus petit entier à 4 diviseurs premiers distincts est 7#=2x3x5x7=210
2310 = 11# = 2x3x5x7x11, donc 2310 est le plus petit entier à 5 diviseurs premiers distincts, etc..
La plupart des entiers ont très peu de diviseurs premiers distincts. Les primorielles sont donc des nombres exceptionnels.
Fonction primorielle et nombres premiers :
n# + 1 est premier pour n=2, 3, 5, 7, 11, 31, 379, 1019, 1021, 2657, 3229, 4547, 4787, 11549, 13649, 18523, 23801, 24029, et pour aucune autre valeur inférieure à 35000.
Propriétés de la fonction primorielle :
Les seules primorielles qui peuvent s'écrire comme étant le produit de deux nombres consécutifs sont les primorielles de 2, 3, 7, et 17 :
2# = 2 = 1x2
3# = 6 = 2x3
7# = 2x3x5x7 = 210 = 14x15
17# = 2x3x5x7x11x13x17 = 510 510 = 714x715
Il n'existe aucune autre primorielle possédant ces propriétés jusqu'à 3049#.
17# est donc égal à un produit de deux nombres consécutifs faisant intervenir 714. J'en profite pour signaler une particularité de ce nombre 714 : Avez-vous remarqué que (714) est un cube parfait, et que le rapport (714) /(714) est un carré parfait ? Connaissez-vous d'autres nombres possédant cette particularité ?
De plus, 17# est égal au produit de 4 nombres de Fibonacci consécutifs : 17# = 13x21x34x55
Décidément, quel nombre extraordinaire ce primorielle de 17 !! :-))
La fonction sous-factorielle :
La fonction sous-factorielle de n, notée !n, est définie de la manière suivant (où n! représente la fonction factorielle de n) :
Rappel : 0! = 1
Exemple :
!0 = 0! = 1
!1 = 1! (1 - 1) = 0
!2 = 2! (1 - 1 + 1/2) = 1
!3 = 3! (1 - 1 + 1/2 - 1/6) = 2
!4 = 4! (1 - 1 + 1/2 - 1/6 + 1/24) = 9
!5 = 5! (1 - 1 + 1/2 - 1/6 + 1/24 - 1/120) = 44
!6 = 6! (1 - 1 + 1/2 - 1/6 + 1/24 - 1/120 + 1/720) = 265
etc.
On remarque que la fonction sous-factorielle est un entier positif, pour des nombres supérieur à 1 (ce que ne laissait pas forcément présager la définition de la sous-factorielle).
Exemple de problème utilisant la fonction sous-factorielle :
N lettres ont été écrites à différentes adresses et N enveloppes affranchies ont été préparées. De combien de manières les lettres peuvent-elles être placées dans les enveloppes de sorte que chaque lettre se trouve dans la mauvaise enveloppe ?
La réponse est : sous-factorielle de N
Complément d'information sur ce problème des lettres mal adressées : lorsque le nombre de lettres et d'enveloppes N augmente, la probabilité que chaque lettre soit placée dans une mauvaise enveloppe tend rapidement vers la valeur exponentielle de -1, soit :
Le même problème peut être simulé en battant bien 2 jeux de 52 cartes et en retournant les cartes par paires, une sur chaque paquet. La probabilité qu'il y ait aucune correspondance parmi les 52 paires est d'environ e-1.
Quelques propriétés arithmétiques de ces fonctions :
Les valeurs de n, pour lesquelles (n) est un diviseur de (n), et d(n) est à la fois un diviseur de (n) et de (n) forment la suite : 1 3 15 30 35 52 70 78 105 140 168 190 210 etc... On peut remarquer dans cette liste la présence de 30 = 5# et de 210 = 7#.
Le premier nombre composé de la forme p# + 1 est obtenu pour p=13. Ce nombre est 2x3x5x7x11x13 + 1 = 30 031
Le seul nombre égal à la somme des sous-factorielles de ses chiffres est 148 349. En effet :
148 349 = !1 + !4 + !8 + !3 + !4 + !9
Conjectures, théorèmes, et propriétés des nombres premiers :
Tout nombre entier pair, supérieur à 2, est la somme de 2 nombres premiers.
Rappel : 1 n'est pas premier et 2 est le seul nombre premier pair.
Il y a exactement autant de nombres premiers de la forme 4n+1 inférieurs à 26 861 qu'il y en a de la forme 4n+3. Comme 26 861 est premier et de le forme 4n+1, il rend cette forme majoritaire, pour la première fois.
Les nombres de la forme n! - 1 sont premiers pour n=3, 4, 6, 7, 12, 14, 30, 32, 33, 38, 94, 166, 324, 379, 469, 546, 974, 1963, 3507, 3610, et il n'en existe pas d'autre jusqu'à 4580 compris.
Si 2n - 1 est premier, alors n est premier.
Pour tout nombre premier p, (p-1)! + 1 est un multiple de p.
Si p est un nombre premier, et k un entier quelconque, alors kp - k est un multiple de p.
Ecart entre les nombres premiers :
Il n'existe aucun nombre premier entre n! + 2 et n! + n
En effet :
n! + 2 est multiple de 2 (il n'est
donc pas premier)
n! + 3 est multiple de 3
n! + 4 est multiple de 4
n! + 5 est multiple de 5
etc ...
n! + n est multiple de n
Cela signifie qu'en prenant n suffisamment grand, on pourra toujours trouver dans l'ensemble des entier naturel, une suite de nombres consécutifs d'une longueur quelconque ne contenant aucun nombre premier.
Cette remarque suffit à elle seule pour se rendre compte de la raréfaction des nombres premiers : plus on avance dans les entiers naturels en allant vers les "grands nombres", moins il y a de nombres premiers (la densité des nombres premiers diminue). Exemple : entre 0 et 100 il existe 25 nombres premiers, ce qui signifie qu'entre 0 et 100 un nombre entier sur quatre est un nombre premier. Mais ce rapport de 1 nombre premier pour 4 nombre entier diminue rapidement pour les entiers supérieurs à 100 :
Entre 0 et 100 il existe 25 nombres premiers : 25 % des entiers < 100 sont premiers
Entre 0 et 1 000 il existe 168 nombres premiers : 16,8 % des entiers < 1 000 sont premiers
Entre 0 et 1 000 000 il existe 78 498 nombres premiers : 7,84 % des entiers < 1 000 000 sont premiers
Entre 0 et 1 000 000 000 il existe 50 847 534 nombres premiers : 5,08 % des entiers < 1 000 000 000 sont premiers
Faut-il en conclure qu'à partir d'une certaine limite il n'existe plus de nombres premiers ? Non justement, car comme je l'ai déjà démontré en haut de cette page, il existe une infinité de nombres premiers : quelque soit le nombre entier n, il existera toujours un nombre premier supérieur à n.
Les nombres premiers jumeaux :
Comme nous venons de le voir, entre les nombres n! + 2 et n! + n, aucun nombre n'est premier. En allant assez loin, l'écart entre deux nombres premiers consécutifs est donc aussi grand que l'on veut. Toutefois, cet écart semble aussi égal à 2 une infinité de fois : c'est la conjecture des nombres premiers jumeaux. Par conséquent, l'écart entre nombres premiers consécutifs oscille largement. Sur ces questions, on dispose de nombreuses conjectures vérifiées numériquement, mais de très peu de résultats démontrés. Les mathématiques ressemblent ici à une science expérimentale comme je l'aime : on explore le monde des nombres en tentant d'y repérer des lois, on réussit parfois à lier ces lois entre elles et à les déduire les unes des autres, mais la démonstration des lois elles-mêmes semble impossible avec les moyens actuels.
Parfois, l'écart entre deux nombres premiers consécutifs est égal à 2. C'est le cas pour les couples 3-5, 5-7, 11-13, 17-19 et 29-31 par exemple. De tels nombres premiers sont qualifiés de nombres premiers jumeaux. La date de la première mention des nombres premiers jumeaux est incertaine, mais, depuis un siècle, ils suscitent une grande attention. Leur étude a donné lieu à de nombreuses spéculations mathématiques et à de non moins nombreux calculs informatiques. L'un d'eux, dont les conclusions viennent d'être communiquées, a fait trembler sur sa base la puissante industrie des microprocesseurs. C'est en effet lors du calcul de nombres premiers jumeaux que les bugs sur les premiers microprocesseurs Pentium d'Intel ont été découverts.
D'autres calculs ont révélé de nouvelles propriétés des nombres premiers ; ils prouvent que l'arithmétique ressemble parfois davantage à une discipline expérimentale, telle la physique, qu'à une branche des mathématiques.
Applet Java permettant de trouver une paire de jumeaux
L'applet Java suivante vous permet de connaître la prochaine paire de nombres premiers jumeaux, présentes après un nombre entier donné. Pour l'utiliser, saisissez un nombre entier à 7 chiffres maximum, et appuyez sur le bouton "Rechercher jumeaux". La première paire de jumeaux existante après votre nombre sera alors affichée :
Trouve-t-on
toujours des jumeaux ?
Quand on s'intéresse aux nombres premiers jumeaux, la première question qui vient à l'esprit est celle de leur quantité : y en a-t-il une infinité ? Les mathématiciens pensent que oui. Cette affirmation est aujourd'hui l'une des plus célèbres conjectures mathématiques, car tous les efforts pour la démontrer ont été vains : on ne sait ni prouver qu'il existe un nombre infini de nombres premiers jumeaux, ni prouver le contraire. La situation est choquante, car une phrase suffit pour démontrer qu'il existe une infinité de nombres premiers. Les deux problèmes sont très proches, mais l'un est facile, et l'autre bloqué.
Bien sûr, on a effectué des calculs pour s'assurer qu'on trouve
toujours des nombres premiers jumeaux, aussi loin qu'on est capable d'aller
aujourd'hui. On a tout d'abord compté le nombre précis de premiers
jumeaux inférieurs à une borne n. Cette recherche exhaustive a
été menée jusqu'à n = 10^15 (un million de milliards)
: parmi les 29 844 570 422 669 nombres premiers inférieurs à 10^15,
on a compté 1177 209 242 304 paires de nombres premiers jumeaux, soit
3,94 pour cent, et l'on n'a pas constaté que leur suite s'interrompait
à une borne quelconque. On a également effectué des sondages
bien au-delà de 10^15, sans jamais trouver pour l'instant de zone sans
nombres premiers jumeaux.
La plus grande paire de nombres premiers jumeaux connue aujourd'hui est la suivante
:
361 700 055 x 2^39 020 - 1 et 361
700 055 x 2^39 020 +1
Chacun de ces nombres s'écrit avec 11 755 chiffres. Cette paire a été "capturée" en 1999 par Henri Lifchitz, un ingénieur électronicien français (c'est important de le signaler), passionné de nombres premiers. Le record immédiatement inférieur, qui date de l'année précédente, est une paire de nombres ayant chacun 11 751 chiffres :
835 335 x 2^39 014 - 1
et 835 335 x 2^39 014 + 1
Ses découvreurs sont Ray Ballinger (chef du service de radiologie du
Centre médical de Gainesville, en Floride) et Yves Gallot (ingénieur
à Toulouse dans une société spécialisée dans
les simulateurs).
Raréfaction
chez les raréfiés
On sait que les nombres premiers se raréfient (voir le paragraphe précédent, Ecart entre les nombres premiers) et l'on constate que les nombres premiers jumeaux, considérés dans la suite des nombres premiers, se raréfient également. Un raisonnement heuristique (c'est-à-dire qui suggère sans prouver rigoureusement) conduit à penser que les nombres premiers jumeaux ont une densité de 1/ln(n) parmi les nombres premiers (ou, ce qui revient au même, une densité de 1/ln^2(n) parmi les nombres entiers).
Le raisonnement est
simple :
"La probabilité que p et p + 2 soient simultanément
premiers est le produit de la probabilité que p soit premier par
celle que p + 2 le soit également, car on considère que
ces deux événements sont indépendants. Comme le théorème
des nombres premiers indique que la probabilité d'être premier
tend vers 1/ln(p), la probabilité recherchée tend vers 1/ln(p)
x 1/ln(p + 2), soit environ 1/ln^2(p)."
Cet argument est en fait trop peu rigoureux pour constituer une preuve : comme les nombres premiers sont parfaitement déterminés dans la suite des entiers, il est abusif de leur attribuer une probabilité d'occurrence, et plus encore d'en faire des événements indépendants. En outre, le raisonnement est extrêmement dangereux : si on l'applique à p et p + 1, on trouve que la densité des paires de nombres consécutifs qui sont premiers vaut également 1/ln^2(n), alors qu'en réalité, elle est nulle, puisque, quel que soit p, l'un des deux nombres p ou p + 1 est pair ! !
Les
nombres premiers jumeaux jusqu'à 2000
Les nombres premiers
consécutifs séparés de deux unités (indiqués
en rouge dans le tableaux ci-dessous) sont qualifiés de jumeaux. La conjecture
des nombres premiers jumeaux affirme qu'il y en a une infinité. Bien
qu'on ne sache pas la démontrer, on a formulé la conjecture plus
précise (et plus difficile) que leur nombre tend environ vers 1,32
n/ln^2(n) parmi les nombres inférieurs à n.
2
|
3
|
5
|
7
|
11
|
13
|
17
|
19
|
23
|
29
|
31
|
37
|
41
|
43
|
47
|
53
|
59
|
61
|
67
|
71
|
73
|
79
|
83
|
89
|
97
|
101
|
103
|
107
|
109
|
113
|
127
|
131
|
137
|
139
|
149
|
151
|
157
|
163
|
167
|
173
|
179
|
181
|
191
|
193
|
197
|
199
|
211
|
223
|
227
|
229
|
233
|
239
|
241
|
251
|
257
|
263
|
269
|
271
|
277
|
281
|
283
|
293
|
307
|
311
|
313
|
317
|
331
|
337
|
347
|
349
|
353
|
359
|
367
|
373
|
379
|
383
|
389
|
397
|
401
|
409
|
419
|
421
|
431
|
433
|
439
|
443
|
449
|
457
|
461
|
463
|
467
|
479
|
487
|
491
|
499
|
503
|
509
|
521
|
523
|
541
|
547
|
557
|
563
|
569
|
571
|
577
|
587
|
593
|
599
|
601
|
607
|
613
|
617
|
619
|
631
|
641
|
643
|
647
|
653
|
659
|
661
|
673
|
677
|
683
|
691
|
701
|
709
|
719
|
727
|
733
|
739
|
743
|
751
|
757
|
761
|
769
|
773
|
787
|
797
|
809
|
811
|
821
|
823
|
827
|
829
|
839
|
853
|
857
|
859
|
863
|
877
|
881
|
883
|
887
|
907
|
911
|
919
|
929
|
937
|
941
|
947
|
953
|
967
|
971
|
977
|
983
|
991
|
997
|
1009
|
1013
|
1019
|
1021
|
1031
|
1033
|
1039
|
1049
|
1051
|
1061
|
1063
|
1069
|
1087
|
1091
|
1093
|
1097
|
1103
|
1109
|
1117
|
1123
|
1129
|
1151
|
1153
|
1163
|
1171
|
1181
|
1187
|
1193
|
1201
|
1213
|
1217
|
1223
|
1229
|
1231
|
1237
|
1249
|
1259
|
1277
|
1279
|
1283
|
1289
|
1291
|
1301
|
1303
|
1307
|
1319
|
1321
|
1327
|
1361
|
1367
|
1373
|
1381
|
1399
|
1409
|
1423
|
1427
|
1429
|
1433
|
1439
|
1447
|
1451
|
1453
|
1459
|
1471
|
1481
|
1483
|
1487
|
1489
|
1493
|
1499
|
1511
|
1523
|
1531
|
1543
|
1549
|
1553
|
1559
|
1567
|
1571
|
1579
|
1583
|
1597
|
1601
|
1607
|
1609
|
1613
|
1619
|
1621
|
1627
|
1637
|
1657
|
1663
|
1667
|
1669
|
1693
|
1697
|
1699
|
1709
|
1721
|
1723
|
1733
|
1741
|
1747
|
1753
|
1759
|
1777
|
1783
|
1787
|
1789
|
1801
|
1811
|
1823
|
1831
|
1847
|
1861
|
1867
|
1871
|
1873
|
1877
|
1879
|
1889
|
1901
|
1907
|
1913
|
1931
|
1933
|
1949
|
1951
|
1973
|
1979
|
1987
|
1993
|
1997
|
1999
|
2003
|
2011
|
2017
|
2027
|
2029
|
2039
|
2053
|
etc.
|
On constate dans ce tableau
qu'il existe exactement 60 paires
de nombres premiers jumeaux entre 0 et 2000
Remarque : le seul entier appartenant à 2 paires de jumeaux est le 5. En effet, 5 appartient à la fois la paire de jumeaux (3;5) et à la paire (5;7). Aucun autre entier peut appartenir à 2 paires de nombres premiers jumeaux, puisque si on considère les 3 entiers impairs consécutifs p, p+2, et p+4 (avec p>3 et p impair), il y en aura forcément un des 3 qui est multiple de 3. Les 3 nombres entiers impairs consécutifs étant tous les 3 premiers sont donc seulement 3, 5, et 7.
La fonction 2 (m)
Nous avons vu que la fonction (m) représentait le nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à m. De la même manière, on définie la fonction 2 (m) qui est égale, quelque soit le réel m, au nombre de nombres premiers jumeaux inférieurs ou égaux à m. Par exemple, nous venons de voir qu'il existe exactement 60 paires de nombres premiers jumeaux entre 0 et 2000, on peut donc écrire 2 (2000)=119 (et pas 120, car le nombre 5, compté une seule fois, est présent dans 2 paires de jumeaux).
Raréfaction des nombres premiers jumeaux
n |
nombre
de nombres premiers < n |
nombre
de paires de nombres premiers jumeaux < n |
pourcentage
parmi les premiers |
10^3 |
168 |
35 |
20,83 |
10^4 |
1 229 |
205 |
16,68 |
10^5 |
9 592 |
1 224 |
12,76 |
10^6 |
78 498 |
8 169 |
10,41 |
10^7 |
664 579 |
58 980 |
8,87 |
10^8 |
5 761 455
|
440 312 |
7,65 |
10^9 |
50 847 534
|
3 424 506 |
6,73 |
10^10 |
455 052 511
|
27 412 679 |
6,02 |
10^11 |
4 118 054
813 |
224 376 048
|
5,45 |
10^12 |
37 607 912
018 |
1 870 585
220 |
4,97 |
10^13 |
346 065 536
839 |
15 834 664
872 |
4,56 |
10^14 |
3 204 941750
802 |
135 780 321665
|
4,22 |
10^15 |
29 844 570
422 669 |
1 177 209
242 304 |
3,94 |
Les plus grandes paires de nombres premiers jumeaux connues
Premiers
jumeaux |
Nombre
de chiffres |
Découvreur |
Année |
361 700
055 x 2 ^ 39 020 ± 1 |
11 755 |
Lifchitz |
1999 |
835 335
x 2 ^ 39 014 ± 1 |
11 751 |
Ballinger
et Gallot |
1998 |
242 206
083 x 2 ^ 38 880 ± 1 |
11 713 |
Jarai et
Indlekofer |
1995 |
40 883
037 x 2 ^ 23 456 ± 1 |
7 069 |
Lifchitz
et Gallot |
1998 |
Des débuts de preuves ?
Voici une façon indirecte de formuler la conjecture des nombres premiers jumeaux, en mettant leur écart en avant :
Le nombre 2 peut s'écrire
d'une infinité de façons différentes sous la forme p1 -p2,
où p1 et p2 sont des nombres premiers.
En utilisant la technique des cribles (généralisation de l'idée
du crible d'Ératosthène), on a démontré des résultats
qui approchent cet énoncé et qui sont loin d'être anecdotiques.
En 1920, le mathématicien norvégien Viggo Brun a ainsi prouvé
que :
Le nombre 2 peut s'écrire d'une infinité de façons différentes sous la forme p1 -p2, où p1 et p2 sont des nombres "9-presque-premiers".
Un nombre "k-presque-premier" est un nombre dont la décomposition en facteurs premiers possède k facteurs au plus. Le nombre 12 = 2 x 2 x 3 est 3-presque-premier ; le nombre 169 = 13 x 13 est 2-presque-premier.
Le résultat de Brun sur l'infinité des nombres 9-presque-premiers
jumeaux, s'il tend une passerelle vers la conjecture des nombres premiers jumeaux,
est encore très loin du but : celui-ci sera atteint quand on aura remplacé
"9-presque-premiers" par "1-presque-premiers", puisque "être
1-presque-premier" équivaut bien sûr à "être
premier".
Toutefois, les progrès ont été continus. En 1924, H. Rademacher a remplacé le "9" par "7", et, à la suite de travaux de A. Rényi en 1947 et de J. Chen en 1966, on sait aujourd'hui que :
Le nombre 2 peut s'écrire d'une infinité de façons
différentes sous la forme p1-p2, avec p1 premier et p2 un nombre 2-presque-premier.
Un dernier effort :
il n'y a plus qu'à remplacer 2-presque-premier par 1-presque-premier
!
La constante de Brun
On observe que les nombres premiers jumeaux se raréfient parmi les nombres premiers. Peut-on le prouver ? Il existe un moyen d'évaluer la taille d'un ensemble infini : la série des inverses de ses éléments. On ignore bien sûr si les nombres premiers jumeaux sont en nombre infini, mais on peut savoir, au moyen de cette série des inverses, s'ils sont infiniment moins nombreux que les nombres premiers.
En 1919, Brun prouva que la série des inverses des nombres premiers jumeaux
était convergente. Autrement dit, la série
possède une valeur finie, contrairement à la série des inverses des nombres premiers, dont on a prouvé qu'elle est infinie :
Remarquez que, dans la série des inverses des nombres premiers jumeaux, on fait apparaître deux fois 1/5, car c'est le second élément de la paire (3;5), en même temps que le premier élément de la paire (5;7).
La valeur finie de cette série indique qu'il y a infiniment moins de
nombres premiers jumeaux que de nombres premiers. Le raisonnement suivant le
fera mieux comprendre : si, en moyenne, un nombre premier sur 100 était
un nombre premier jumeau, alors la série des inverses des nombres premiers
jumeaux se comporterait comme celle des inverses des nombres premiers et serait
infinie (car l'infini divisé par 100 est encore l'infini). Il en résulte
que moins d'un nombre premier sur 100 est un nombre premier jumeau. Ce qui vient
d'être dit pour 100 peut être répété avec 1000,
10 000, etc. Il y a bien raréfaction : en allant assez loin, la proportion
des nombres premiers jumeaux tend vers 0.
Le même Brun a d'ailleurs démontré un résultat précis
de majoration : le nombre 2
(m) de nombres premiers jumeaux inférieurs ou égaux à m
est inférieur à 100m/ln^2(m), quantité qui devient négligeable
par rapport à (m),
le nombre de nombres premiers inférieurs ou égaux à m,
quand m tend vers l'infini.
D'après tout
ce qui précède, on conclut qu'il existe des séquences de
plus en plus longues de nombres premiers consécutifs qui ne comportent
aucun couple de nombres premiers jumeaux : plus on va loin, moins l'écart
de 2 est fréquent. Ce résultat complète ce que l'on savait
déjà de l'écart entre les nombres premiers : il existe
des séquences de nombres composés successifs aussi longues que
l'on veut, car tous les nombres entre n! + 2 et n! + n sont composés
(n! + 2 est un multiple de 2 ; n! + 3 est un multiple de 3 ; ... ; n! + n est
un multiple de n).
Revenons à la
convergence de la série des inverses des nombres premiers jumeaux. On
doit souligner que ce résultat, s'il prouve que les jumeaux se raréfient
parmi les premiers, ne résout pas la question de savoir s'il existe ou
non une infinité de nombres premiers jumeaux : la série peut avoir
une valeur finie parce que ses termes sont en nombre fini, ou parce qu'ils sont
de plus en plus rares, bien qu'en nombre infini.
Cette valeur finie de la série, nommée constante de Brun et notée B en l'honneur de celui qui a prouvé la convergence, est estimée à :
On ne sait presque rien de cette constante, pas même si c'est un nombre rationnel (pouvant être écrit sous la forme d'une fraction) ou irrationnel (comme racine carrée de 2), algébrique (solution d'une équation polynomiale à coefficients entiers, comme racine cubique de 2 solution de x^3 = 2) ou transcendant (non algébrique, comme Pi). Elle est particulièrement difficile à évaluer, et l'on ne sait pas la calculer autrement qu'en utilisant directement sa définition (à l'exception toutefois d'une petite astuce d'extrapolation sur le résultat brut). Pour connaître B, il faut donc aller très loin dans la série des nombres premiers.
Valeur de la constante de Brun constatée expérimentalement avec Mathematica :
En utilisant tous les jumeaux compris entre le 1 er le 1 000 000 ème nombre premier : B = 1,74268
Quelques propriétés des nombres premiers jumeaux
n est le
premier élément d'une paire de nombres premiers jumeaux si, et
seulement si 4((n -1)! + 1) + n est un multiple de n(n + 2)
(ou (n -1)!-( 3n + 2) + 2n + 2 est
un multiple de n(n + 2) )
(ou (n -1)! (n - 2) - 2 est un multiple de n(n + 2) )
De la première condition, on déduit la formule suivante, qui engendre tous les premiers éléments des paires de nombres premiers jumeaux quand n décrit l'ensemble des entiers naturels :
j(n) = 3+n [(4(n+2)!+n+7)/(n+3)(n+5) - [(4(n + 2)! + n + 6)/(n + 3)(n + 5)]]
La formule fonctionne de la façon
suivante : à n, on fait correspondre n + 3 ; pour n = 0, on obtient ainsi
3, le premier nombre premier jumeau. La première des trois conditions
de gémellité énoncées plus haut devient alors : n + 3 est le premier élément d'une paire
de jumeaux si, et seulement si, 4(n + 2)! + n + 7 est un multiple de (n + 3)(n
+ 5). Dans ce cas, le rapport de ces deux expressions est un entier,
et la partie entière (symbolisée par les crochets dans l'expression
ci-dessus) de (4(n + 2)! + n + 6) / (n + 3)(n + 5) est l'entier immédiatement inférieur. La partie entière
de leur différence vaut alors 1, et 0 sinon. Par conséquent, j(n)
= 3 + n si 3 + n est le premier élément d'une paire de jumeaux,
et j(n) = 3 dans les autres cas.
Un polynôme qui donne tous les nombres premiers jumeaux
Le polynôme ci-dessous est dû à Christoph Baxa, du département de mathématiques de l'Université de Vienne, qui l'a tiré de la théorie des équations diophantiennes. Quand les variables a, b,..., z décrivent l'ensemble des entiers naturels, les valeurs positives du polynôme décrivent l'ensemble des nombres p tels que (p, p + 2) est une paire de nombres premiers jumeaux. L'avantage de cette formule sur celle du paragraphe précédent est qu'elle ne fait pas appel à la fonction partie entière :
(k+2) [1-(wz+h+j-q)^2-((g+1)(h+j)+h-z)^2
- (p + q + z + 2n - e)^2 - (e^3 (e + 2)(a + 1)^2 + 1- o^2)^2
- ((a^2 -1)(n + l + v)^2 + 1-x^2)^2 - (16(a^2 -1)(n + l + v)^2 + 1-x^2)^2
- (((a + u^2(u^2 - a)^2 -1)(n + 4d(n + l + v))^2 + 1- (x + cu)^2)^2
-((a^2-1)l^2 + 1-m^2)^2 -(p + l(a -n -1) + b(2a(n + 1)-(n + 1)^2-1) -m)^2
-(q+(n+l+v)(a-p-1)+s(2a(p+1)-(p+1)^2-1)-x)^2
- (z + pl(a -p) + t(2ap -p^2 -1) -pm)^2
- (16(k + 1)^3(k + 2)(n + 1)^2 + 1- f^2)^2
- (k + 1 + ia - i - l)^2 - (4g + k + 10 -y(k + 2)(k + 4))^2]
Rappel : l'opérateur ^ symbolise ici la fonction puissance, prioritaire sur la multiplication.
Les nombres premiers triplets et quadruplets :
Après nous être intéressé à l'écart entre deux nombres premiers consécutifs, élargissons la question à la suite des écarts de trois, puis quatre nombres premiers consécutifs.
Les nombres premiers triplets
Commençons par les suites de trois nombres premiers consécutifs. A l'exception de 3, 5, 7, trois nombres premiers consécutifs ne peuvent pas être de la forme p, p+2, p+4. En effet, dans toute série de cette forme, l'un au moins des trois nombres est multiple de 3.
On trouve en revanche que p, p+2, p+6 et p, p+4, p+6 sont des formes possibles pour trois nombres premiers consécutifs. On appelle nombres premiers triplets, l'ensemble de trois nombres premiers consécutifs, de la forme p, p+2, p+6 ou de la forme p, p+4, p+6. Il existe donc 2 formes de nombres premiers triplets.
Remarque : pour les nombres premiers jumeaux, il n'existait qu'une seule forme, qui est p, p+2.
Applet Java permettant de trouver des nombres premiers triplets
L'applet Java suivante permet de rechercher des nombres premiers triplets. Vous devez préciser la forme de triplets à rechercher, ainsi que le nombre à partir duquel débutera la recherche :
Les nombres premiers quadruplets
Quand on considère des suites de quatre nombres premiers consécutifs, on s'aperçoit que la seule forme possible ayant pour extrémités p et p+8 (cet écart de 8 entre les deux extrémités étant le plus petit possible) est p, p+2, p+6, p+8. On appelle nombres premiers quadruplets, l'ensemble de quatre nombres premiers consécutifs de la forme p, p+2, p+6, p+8.
Applet Java permettant de trouver des nombres premiers quadruplets
L'applet Java suivante permet de rechercher des nombres premiers quadruplets. Vous devez simplement préciser le nombre à partir duquel débutera la recherche :